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Chômage, moral et motivation en dents de scie.

L’attente d’un appel, l’envoi d’un mail, un entretien, une réponse négative, pas de réponse du tout…
Les semaines s’écoulent ainsi, entrecoupées de phases d’espoir, de dégoût, de lassitude, de lâcher prise, le tout agrémenté peu à peu d’une remise en question de vos compétences, de votre personnalité.

Des questions qui envahissent peu à peu l’esprit « qu’est-ce que je n’ai pas fait, qu’est-ce que j’aurais dû faire… ». Alors, vous vous retournez vers internet, des professionnels, votre entourage en cherchant des conseils sur la rédaction d’un CV, d’une lettre de motivation… Vous en venez à lire des articles sur les bonnes manières, la bonne tenue, les couleurs à porter… Vous vous perdez progressivement dans des articles redondants ou bien se contredisant.
En bref, vous cherchez des réponses dans l’espoir de trouver la baguette magique qui vous permettrait de trouver le nouveau Graal de notre société : un emploi.

Le tout est peut-être de bien comprendre qu’il n’y a pas de baguette magique, des outils et principes à mettre en place, certainement, quant au reste, il faut surtout savoir redonner un sens à sa vie en ce temps de pause professionnelle. Le meilleur moyen de ne pas perdre pied est de surtout bien les ancrer au sol.

 

Comprendre le sens de vos maux

Je ne supporte pas de ne pas travailler

Si vous ne supportez pas de ne pas travailler, c’est peut-être que votre travail vous passionne, alors rien ne vous empêche en attendant de trouver l’employeur qui vous rémunérera pour cela, de le faire de façon gratuite.  Les avantages sont nombreux, cela vous permet de continuer à mettre en application vos compétences, cela fait passer le temps et vous continuez à faire ce que vous aimez. Proposez vos services à votre entourage, participez à des forums de discussions sur votre thématique, créez un blog… Faites bénéficier à d’autres votre savoir-faire, vous verrez, cela est gratifiant.

Peut-être que c’est le fait de vous sentir inutile plus qu’une passion pour le métier qui vous dérange, peut-être que c’est votre routine qui vous manque. Voyez-vous l’important est de comprendre pourquoi vous ne supportez pas de ne pas travailler.

Je me sens inutile

Vous aviez un quotidien chronométré, vous aviez des comptes à rendre à un employeur, vous rentriez et vous aviez des sujets de discussion à raconter que ce soit sur le boulot, sur les collègues, sur vos rencontres… Aujourd’hui, vous éprouvez des difficultés à trouver des sujets de discussion, vous passez bizarrement plus de temps à écouter les autres. Au travail, vous participiez à la bonne marche de l’entreprise, chaque jour, vous aviez des objectifs à atteindre, des missions, d’autres personnes, services attendaient sur votre travail. Vous aviez cette reconnaissance d’autrui et pour vous-même également d’une tâche accomplie.

Il semble ne pas être chose aisée de se « retrouver » une place dans la société qui prend un malin plaisir à catégoriser « les gens qui bossent » et « les assistés ». De ce fait, ne plus avoir d’activité vous met dans cette situation de vous demander où est votre place. La réalité est que vous ne vous situez nulle part, normal, le stéréotype est tellement énorme qu’il n’en est pas réaliste. Il faut bien comprendre que ne pas travailler ne vous exclut pas de cette société rythmée par les heures de boulot. Auparavant, si vous vous sentiez utile, c’est parce que vous donniez un sens à ce que vous faisiez et un sens à votre vie.

Au chômage, coupé de cela, vous vous sentez, de ce fait, inutile. Pourtant, vous êtes bien la même personne, vous n’avez pas changé… Si ce sentiment prédomine sur votre moral, alors trouvez la façon de vous sentir utile auprès des autres, sans même que cela soit du domaine des compétences professionnelles. Le fait d’être félicité, reconnu, écouté pour ce que vous avez fait, vous fera remonter votre estime de vous-même.

Je ne supporte plus le regard des autres

Le regard de l’autre fait parfois mal, pas celui qui est dans la même situation que vous, mais celui qui travaille.  Le « tu fais quoi dans la vie ? » est toujours un peu perturbant, pas au début quand vous venez de perdre votre boulot, parce que vous avez encore des choses à raconter et que cela « reflète » notre société. L’entourage, alors, vous plaint et vous assène  d’un « tu vas retrouver vite ! ». Il devient compliqué d’expliquer pourquoi plusieurs mois après vous êtes toujours dans la même situation. Le sentiment s’installe que cette même personne ne pose plus le même regard et c’est encore pire si plus tard dans une discussion le sujet dévie sur ces « tas de chômeurs payés à ne rien foutre ». Bien sûr, on vous explique que vous n’êtes pas concerné. Pourtant, le mal est fait.

Épargnez-vous de devoir justifier les recherches que vous faites,  vous ne devez rien à personne, arrêtez de vous apitoyer sur votre sort et de dire combien cela est compliqué, que vous n’avez pas de réponse... Ceux qui sont passés par là ou qui y passent sont au courant. Quant aux autres, demandez ce qu'ils feraient dans votre situation, au mieux ils vous sortent ce que vous faites déjà, un bon moyen de gentiment leur dire, au pire, ils vous donneront une bonne idée à mettre en application.

Pour aller même un peu plus loin déviez la discussion, non pas sur ce que vous n’avez pas, c’est-à-dire un travail, mais développez sur ce que vous faites d’autres. C’est une pause professionnelle, vous n’êtes pas au bout de votre vie ! Parlez de votre nouveau loisir, de quelles façons vous avez été utile auprès de quelqu’un. Échangez sur vos activités, non pas sur l’attente d’un appel et votre morosité. Ce n’est pas tant pour la personne en face de vous qu’il faut agir ainsi, mais parce que cela vous fera du bien de parler de vous de façon positive. Et puis pour ceux qui se recevraient d’une façon ironique « ça va tu profites bien de ton chômage », demandez simplement si un chômeur doit être le synonyme de dépressif, pour justifier le fait qu’il ne travaille pas…

Je tourne en rond

Pourquoi lorsque vous étiez en activité, vous ne ressentiez pas cela ? Tout simplement parce que la veille, vous connaissiez d’avance le planning de votre journée du lendemain, voire de la semaine. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, puisque vous êtes totalement seul à gérer votre temps, sans réellement d’impératif.  Vous avez perdu un repère temporel important, vous savez celui que vous critiquiez juste avant, le fameux « métro-boulot-dodo », décidément on ne sait vraiment pas ce qu’on veut…

Si vous avez envie de tester autre chose que de vous lever le matin en vous demandant comment vous allez  occuper votre temps, planifiez-vous des activités pour le lendemain, prospection employeurs, rendez-vous divers du quotidien, réparer des objets cassés dans votre intérieur, revoir la décoration, allez voir une amie, de la famille, allez jouer le touriste dans votre propre ville, il y a tant de choses à faire… Il suffit d’y penser à l’avance et de vous le planifier. 

Les journées sont longues, mais le temps passe vite

Si les journées paraissent parfois longues, c’est qu’elles ne sont pas rythmées par de vraies actions. Le temps passe vite, car tous les jours de la semaine se ressemblent, les week-ends n’en sont plus et parfois, il en devient difficile de regarder le calendrier en se demandant quelle est la date du jour. Vous avez sans doute déjà entendu le « chercher du boulot, c’est du travail ! ». C’est vrai, organisez-vous une routine de recherche d’emploi, par exemple le matin, mais surtout gardez vos week-ends pour les loisirs, la famille, les amis… Aérez votre esprit, faites redescendre la pression de la semaine, l’énervement que rien n’avance, pour repartir dès le lundi en pleine forme. Continuez à distinguer les jours de la semaine avec votre recherche active d’emploi et profitez de vos week-ends.

Aujourd’hui, nous disposons d’un outil puissant : internet. Pourquoi ne pas apprendre de nouvelles compétences sur un domaine en particulier. Internet regorge de tutoriels, d’E-Books, de sites spécialisés, de forums  sur tout et n’importe quoi. Éveillez un peu votre curiosité, en plus vous pourriez  vous créer un nouveau réseau sur un domaine que vous auriez choisi.

Le tout ici n’est pas forcément d’être utile, mais de vous enrichir personnellement, ce que vous permettait également votre travail auparavant.

Je n’ai abordé nulle part la question financière et cela pour une raison simple. La rémunération est également une motivation importante et principalement aussi l’une des sources d’angoisse du demandeur d’emploi. Dans l’introduction, j’écris bien qu’il n’y a pas de baguette magique et clairement les conseils donnés ne vont pas financièrement vous enrichir. Nulle part, je n’indique que de donner un nouveau sens à sa vie nécessite d’arrêter de chercher un travail. C’est seulement l’envie de partager sur des sentiments que le demandeur d’emploi peut ressentir, comprendre qu’il n’y a pas nécessité de s’isoler, que de perdre son travail n’est pas une fin en soi.
Je ne parle pas d’opportunité, afin de se développer de nouvelles compétences ou autres, mais d’une pause professionnelle qui peut être plus ou moins longue, qu’il faut réussir à apprivoiser parce qu’elle vient tout simplement contredire votre contribution au bon fonctionnement d’une entreprise, de la société.

Clairement, les personnes qui ont choisi de ne pas travailler pour x ou y raisons, ne le vivent pas mal, car c’est un choix qu’elles ont fait de donner un autre sens à leur vie. Vous n’avez pas fait ce choix, vous n’avez donc pas forcément encore trouvé de sens à ce nouveau chemin. 

Vous pensez, encore une donneuse de leçons… Mon expérience

Je connais tous les sentiments décrits, parce que je passe par là. Je suis une femme diplômée, de trente ans, sans enfant et j’oscille depuis bientôt 10 ans entre des contrats plus ou moins longs et des périodes de chômage. Aujourd’hui, je suis de nouveau en recherche d’emploi, à la différence que je tente de ne plus culpabiliser de ne pas avoir de travail. Les « conseils » donnés, je les mets en application et cela fait réellement du bien. J’en ai eu marre de remettre en question mes compétences, ma personnalité, ma façon d’être.

Aujourd’hui, je me planifie certaines journées de la semaine. Je me suis inscrite à une association qui me permet de partager un loisir avec de nouvelles personnes, mais aussi de m’enrichir, non pas financièrement, mais par les rencontres que je peux faire et sur l’activité en elle-même. Je me perfectionne de façon autodidacte grâce à des E-book et des tutoriels glanés sur la toile, concernant des logiciels qui pourront me servir professionnellement. Je n’allume plus la télévision qui est un bouffe temps et d’énergie. Je me regarde cependant un bon film le soir. Je me lève le matin en me donnant un objectif quotidien et le soir je suis contente d’avoir atteint la mission que je me suis donnée. Demain,  je peux retrouver un travail, je ne veux pas regretter l’occasion que j’ai eu d’avoir du temps libre, sans contrainte particulière et que je n’aurais pas su mettre à profit.

Alors, oui parfois, je me dis que tout ça, c’est de la connerie, en regardant l’énième fois ma boite mail ou mon portable dans l’espoir d’une rencontre avec un employeur. Pourtant, j’aime découvrir des choses que je n’aurais pas imaginées dans une routine "métro-boulot-dodo". Je sais qu’il s’agit là d’un temps de pause professionnelle et qu’à force de chercher, je vais retrouver, comme depuis maintenant une dizaine d’années. Alors, le matin je fais mes recherches, je vais à des forums emploi qui étouffent plus qu’autre chose, je candidate puis je consacre l’après-midi à  mes loisirs, mes apprentissages, mes rdv, de sorte qu’en me couchant le soir, je n’ai pas le sentiment d’avoir perdu inutilement une journée de ma vie.

Qu’il soit alimentaire ou passionnant, le travail ne fait pas tout, il occupe une place importante dans notre rapport au monde et financièrement, mais il ne permet pas de nous situer dans un espace nouveau qui est qu’en tant qu’être humain, je ne suis pas qu’un robot au service de la société, je suis aussi une personne à part entière qui est capable de trouver un sens à ma vie, quand celle-ci n’est pas dirigée par « l’Autre ».

Mars 2019

Cet article a été écrit en 2014, j'ai retrouvé un emploi quelques semaines après, j'ai signé un CDI... puis une rupture conventionnelle. Me voilà, donc de nouveau dans cette situation, sauf que j'ai bien plus de compétences et d'expériences encore. 
Quant à ce blog qui fluctue en articles en fonction du temps que je lui accorde, est suivi par près de 200 000 internautes par mois et j'atteins bientôt les 7 millions depuis sa création.

Un grand MERCI, car c'est lui qui me tient, à chaque fois, que je suis de nouveau sans activité.
C'est un bonheur d'écrire et de partager.
Je vais sur mes 34 ans et je viens seulement de comprendre les raisons qui m'amènent à éprouver de l'ennui sur les postes que je tiens... alors, je me lance dans une nouvelle aventure qui est l'entrepreneuriat.

Je sais qui je suis, ce que je veux et où je veux aller et cela je le dois à ces pauses professionnelles qui me permettent de me centrer sur moi, mes envies, mes compétences.

Et si vous commenciez par lire des livres qui font du bien ?

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P
Bonjour !!! Votre article fait du bien ! Il rassure les gens sans activités [comme moi] et explique clairement des réalités souvent "ignorées" ou volontairement "négligées" pars des tiers... Votre blog est tout ce qu'il y a de plus vivant, je vais désormais le suivre ! Merci !!!
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B
bravo pour cet article, il m'a redonne du baume au coeur ! je viens de démissionner pour suivre mon mari. et je me suis entièrement retrouvé dans votre article.<br /> et je vais suivre vos conseils, pour ne pas sombrer dans la déprime.<br /> merci encore
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T
Bravo pour cet article ! Etant conseillère en insertion professionnelle et je trouve vos conseils très pertinents et très bénéfiques pour n'importe quelle personne en recherche d'emploi. <br /> <br /> Votre blog est passionnant, un grand merci pour vos lumières..
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L
Avec un peu de retard, je vous remercie pour votre commentaire. J'espère que cet article amène à réfléchir et à redonner un coup de boost aux personnes égarées...